ANILORE BANON

PATRICK BANON, ANTHROPOLOGUE DES RELIGIONS, ÉCRIVAIN

Ces œuvres d’Anilore Banon sont des fenêtres ouvertes sur les entrailles de l’humanité. Les âmes dénudées n’ont plus de sexe. Seule reste la souffrance, féminine, violente, impardonnable. Anilore fait office de photographe de cette guerre de tranchée millénaire entre juste et injuste. Elle montre. Elle réveille. Elle rappelle. Nul ne peut dire « je ne savais pas ».
La fenêtre sur l’excision montre la vie et la mort unies dans une étreinte contre nature. La mutilation de la vie est une trahison, reproduite par des mères sur leurs filles sous la pression sociale d’un patriarcat primitif. Douloureuse, définitive, c’est une mort à retardement qui expose la société tout entière. Il ne s’agit pas de se lamenter mais de choisir son camp. Le devoir de mémoire vient toujours trop tard. Reste aux humains le devoir d’anticipation.
L’invisibilité du féminin est un rite archaïque, une menace pour la paix sociale, une pratique qu’il nous revient d’éradiquer. Condamnez inlassablement des moindres entailles au principe d’égalité réelle, entre féminin et masculin.
Les œuvres d’Anilore, par leur force rappellent notre obligation d’agir. N’imaginez pas qu’il s’agisse du sort de femmes loin de chez vous. Ce serait une illusion. L’ailleurs est ici et partout. Les temps se télescopent sur une terre désormais partagée. Mettre fin aux persécutions du féminin n’est pas une question de territoire, mais une question de justice.
Ces fenêtres ouvertes sur le sort tragique des femmes à travers les sociétés nous obligent à regarder au fond de l’âme de l’humanité.
Et soudain, nous réalisons que c’est du sort du monde qu’il s’agit.