ANILORE BANON

CAMILO RACANA, COMMISSAIRE D’EXPOSITION

Forgeron nomade aux prises avec des titans d’acier, Anilore Banon est une artiste en mouvement.
Les conflits qui torturent notre société, l’injustice qui est faite à l’homme par l’homme, l’oubli qui menace la mémoire collective, le chaos qui guette nos moindres gestes inspirent le travail d’Anilore Banon.
Ses sculptures monumentales en métal se positionnent en contrepoids, en recherche d’équilibre par une affirmation artistique de ce qui fait la force et la noblesse des Hommes et des Femmes. Ses sculptures parlent d’Humanité Debout, rassemblée, de transmission de la mémoire, elles célèbrent l’immense pouvoir des femmes et des hommes à changer leur destin, à rendre l’impossible à portée de mains.
Les violences infligées aux femmes se reflètent dans ces œuvres d’Anilore Banon PEAUX D’ÂMES qui nous renvoient l’image lacérée de notre propre responsabilité.
Après avoir rendu hommage à la bravoure, par la sculpture monumentale LES BRAVES arrimée sur le sable de la plage du débarquement Omaha Beach en Normandie, c’est la lâcheté qu’Anilore Banon dénonce, celle de ceux qui abusent des plus faibles, celle de ceux qui par leur silence deviennent complices.
Chaque œuvre, à la fois tableau et sculpture, raconte un destin de femme, ses douleurs, ses blessures, son enfance et son courage.
Pour la réalisation de PEAUX D’ÂMES, l’artiste a voulu travailler avec les pastels offerts par Richard Chamberlain lors de sa dernière visite à son atelier.
Pour Banon le fait divers est un champ revigorant pour son être. Rien d’étrange de constater qu’il n’y a plus éloigné du réel que la réalité.
...La réalité dans laquelle l’œuvre est enracinée est si crue et actuelle que cela rend difficile une perception plus large de l’œuvre.
Anilore Banon travaille la surface. La surface est toujours la peau de la bête. Ces trophées de chasse à la femme constituent une série faite de peaux de bêtes dépecées sur lesquelles sont appliqués les objets intimes de la proie humaine et ceux de sa torture sacrificielle. Les peaux sont tatouées, scarifiées, graffitées et lacérées .
Au cœur de cette carte de l’horreur se trouve dessiné le corps offert de la victime.
Sans la cérémonie d’un accrochage rituel, l’œuvre compatit avec une émotivité courante.
La peau devient une œuvre, quand elle devient nue de discours. L’œuvre d’Anilore Banon trouve son souffle dans la représentation distanciée.
La chronologie est trop loin de sa matière créatrice.
Le temps rendra l’œuvre à un inconnu X.